Strasbourg
« En famille, on ne marchait jamais ensemble dans la rue, par précaution. »
Nous avons rencontré Claude Louy en décembre 2021, chez elle, à Strasbourg. Ce jour-là, elle est en compagnie de sa petite-fille Raphaëla.
Claude est née le 6 février 1934, dans un village du Bas-Rhin. Ses parents sont Alsaciens, et elle a une petite sœur, Lise, née en 1937.
Enfant, Claude pratique très peu le judaïsme, à l'exception des grandes fêtes. Le père de Claude est mobilisé et fait prisonnier en 1939. La famille se fait alors la promesse de se retrouver à Lyon, où l’un de leur cousin réside.
C’est l’Exode et, comme beaucoup d’Alsaciens, Claude et sa famille prennent la route de la Suisse, sous les bombardements.
Ils restent quelque temps en Suisse avant de partir à Bron, en périphérie de Lyon. Claude et sa famille logent alors dans un garage avant d’être aidés par la famille Clavier. “Ils savaient très bien que nous étions juifs mais ils nous ont aidés. Ils nous ont installés dans un bel appartement, rue Vendome."
En 1940, le père de Claude est prisonnier et interné au camp de Rivesaltes. “Le jour de son transfert vers l’Allemagne, mon père a sauté du camion à proximité de Lyon et nous a rejoints.” explique Claude.
Les parents de Claude entrent alors dans la Résistance, entourés de grandes figures tel que Vincent Auriol.
À la fin de l’année 1942, les arrestations se multiplient à Lyon et la situation est dangereuse. “On ne marchait jamais ensemble dans la rue, par précaution.” précise Claude.
En 1943, Claude et sa sœur sont placées quelques mois dans un couvent, à Saint-Vincent-de-Reins. Elles retrouvent ensuite leurs parents, toujours près de Lyon. Les Nazis arrivent finalement dans la ville et la famille doit à nouveau repartir. “On était de retour à la case départ…” souffle Claude.
Ils enchaînent ensuite les “appartements miteux”, pour ne pas avoir d’adresse fixe et ne pas risquer d’être repérés. Il en sera ainsi jusqu’à la fin de la guerre.
“Nous avons eu beaucoup de chance” conclut Claude.
Claude est très fier de ses parents. “Ils ont su faire en sorte qu’on ne se pose pas trop de questions, et qu’on ne s’inquiète pas trop.” souligne t-elle. Elle considère d’ailleurs sa mère comme son héroïne de la vraie vie. “Elle a pris les rennes et elle a bataillé pour qu’on s’en sorte”.
Avec son mari, Claude a construit une belle famille, qui la rend très heureuse. Elle a trois petits-enfants, Raphaëla, Bastien et Quentin, “les plus beaux, et les plus intelligents".
Quand on lui demande ce qu’elle souhaite transmettre, Claude lance un regard complice à Raphaëla et parle de ses racines juives, des traditions, et des valeurs. La transmission est en route.
Nous avons rencontré Claude juste après notre visite chez Francine Roos. Claude et Francine sont respectivement les grands-mères de Raphaëla et Nelly, qui ont grandi ensemble et qui sont inséparables depuis 30 ans.