Leo Klein

Paris

« À Mauthausen, les gardiens faisaient ce qu'ils voulaient de nous. On ne savait jamais... »

 

En décembre 2021, nous avons rencontré Léo chez lui, à Paris. Très bien entouré, il était en compagnie de son fils, Olivier et d’une amie d’enfance de ce dernier, Véronique.

 

Léo est né en 1925, à Tarnów, non loin de Cracovie, en Pologne. Il est le cadet d’une fratrie de cinq frères et sœurs. 

 

En 1939, Léo et sa famille sont enfermés dans le ghetto juif de Tarnów. Sa mère lui dit un jour qu’elle ne veut pas le voir assassiné. “Je ne voulais pas la voir mourir non plus” ajoute brusquement Léo. Il se sépare ainsi de sa mère qui est déportée à Belzec, un camp d’extermination en Pologne, avec ses deux frères et l’une de ses sœurs. 

 

Léo est ensuite envoyé au camp de Plaszow. “Un jour, je me suis fait casser les dents parce que j’avais dit ‘Bonjour’ à la mauvaise personne…” raconte t-il, pointant du doigt son menton. À Plaszow, Léo craint surtout d’être tué en représailles des évasions qui ont cours dans le camp.

Il est finalement sélectionné et envoyé au camp de Mauthausen, qui se trouve en Autriche. Le voyage dure trois jours. Léo est affecté dans un block. Il se souvient des changements fréquents de gardiens. “Chacun faisait ce qu’il voulait de nous, on ne savait jamais…”.

 

Tous les jours, Léo doit descendre au fond d’une carrière pour ramasser des pierres. “186 marches, pour être précis” détaille Léo. Il faut alors s’astreindre à creuser péniblement, “creuser des trous”. Léo est parfois accusé de faire du sabotage.

Le 6 mai 1945, Léo est libéré à Ebensee, un camp annexe de Mauthausen. ll est pris en charge par la Croix Rouge qui l’emmène à Bratislava. Il est envoyé à l’hôpital où il reste 8 longs mois. En 1945, Léo pèse 28 kg. Il a 20 ans.

 

Aujourd’hui, Léo se sent heureux entouré de sa famille. Il y a son fils Olivier, sa petite-fille Paula, avocate, et son petit-fils Arthur, en école de commerce. Léo est fier des études de ses petits-enfants, lui qui regrette de ne pas avoir fait d’études.

 

Pour Léo, la liberté, c’est d’être là, présent. “Je suis là, maintenant, Monsieur Léo Klein.” dit fièrement celui qui n’a pas manqué de rappeler le numéro de son matricule de déporté, le 86 740.

Être libre, c’est aussi fréquenter à sa guise le Café des Psaumes, se déplacer où bon lui semble, “en homme libre”.