Natan Holchaker

Bordeaux

« À La Réole, c’est le gendarme résistant Albert Rigoulet qui prévient la famille en cas de rafles.»

 

Nous avons rencontré Natan au mois de janvier 2022. Il a proposé de nous retrouver au Mama Shelter, un hôtel tendance de Bordeaux où Natan se rend de temps en temps pour déguster un bon cocktail.

 

 

Natan est né en 1937, à Bordeaux, “à 400 mètres d’ici” nous dit-il, désignant des yeux les rues adjacentes à l’hôtel. Il a un frère, Henri.

Les parents de Natan, Sima et Salomon, sont juifs polonais. Son père s’engage dans la Légion étrangère et obtient la nationalité française.

À la maison, la famille de Natan est "traditionnaliste". “On ne mangeait pas cacher mais on allait à la Shul et on faisait les fêtes” précise Natan.

 

 

En 1941, les rafles s'intensifient et la famille de Natan part à La Réole, à 60 km de Bordeaux, près de la ligne de démarcation.

“À La Réole, c’est le gendarme résistant Albert Rigoulet qui prévient la famille en cas de rafles.” souligne Natan. Albert Rigoulet sera arrêté, longuement interrogé et finalement déporté dans les camps de Dachau, Allach et Hersbruck.

 

 

En novembre 1942, la France est entièrement occupée et la ligne de démarcation est supprimée. La famille décide de quitter la Réole et de changer de logement fréquemment pour éviter le danger.

Natan et sa famille s’installent un temps à Barie, au bord de la Garonne, où ils sont cachés dans un chalet infesté de rats.

Pendant tout ce temps, à La Réole puis à Barie, Natan continue d’aller à l’école.

 

 

En 1943, Natan et son frère Henri sont séparés de leurs parents et sont placés auprès des maquisards, à Lembras, près de Bergerac.

Une nuit, un bombardement a frappé la poudrerie de Bergerac et Natan et son frère sont partis à la hâte se cacher en fôret, accompagnés d’une femme missionnée par leur mère.

 

 

À la libération, la mère de Natan vient le chercher avec son frère et la famille retourne vivre à La Réole.

Aujourd’hui, Natan est heureux. “La vie me rend heureux, simplement” dit-il. Il nous raconte les trois marathons qu’il a fait, et nous parle de ses bons amis, le sourire aux lèvres.

Il confie n’avoir plus peur de rien. Je n’ai pas le temps d’avoir peur, je suis trop vieux !” s’amuse t-il.

 

 

Avant de se séparer, Natan veut ajouter quelque chose. Nous nous rapprochons un peu de lui et tendons l’oreille. “Le plus beau jour de ma vie, c’est aujourd’hui. Parce qu’on m’a écouté.”