Lyon
« Au début de la guerre, je n’avais pas peur. Je n’étais qu’un enfant. »
Robert Nathan nous a reçu dans son petit appartement en banlieue de Lyon. Nous sommes en décembre 2021. Il vient de ré-emménager. Il a subi des dégâts des eaux.
Il est content de nous voir et d’avoir de la visite. Il a préparé tous les documents qu’il souhaite nous montrer, des articles de presse, des extraits de son témoignage, des photos de lui et de sa famille avant et pendant la guerre.
Robert Nathan est né le 15 février 1932 à Lyon.
Ses parents, Abraham Albert et Rachel Romy Nathan sont originaires de Turquie. Ils s'installent en France dans les années 1920.
La famille Nathan n’est pas religieuse. Ils célèbrent les grandes fêtes, Kippour, Pessah. Mais Robert se sent davantage français qu’autre chose.
En 1939, le père de Robert s’engage volontairement dans l’armée française.
À Lyon, ils font attention, mais ils ne sont pas persécutés. Les voisins sont gentils.
En 1943, Robert a 11 ans. Il ne subit pas d’antisémitisme du quotidien à Lyon. “On ne m’a jamais traité de sale juif à l’école.”
“Au début de la guerre, je n’avais pas peur. Je n’étais qu’un enfant. Je faisais partie des scouts juifs. Mes premiers souvenirs d’inquiétude remontent aux années 1942-1943, lorsque les premières arrestations ont eu lieu.”
Pour la famille Nathan, c'est en 1944 que les choses commencent à devenir plus compliquées.
En mai 1944, il y a des rafles en ville. L’oncle de Robert, Isaac Nathan est arrêté et emmené à la prison Montluc. Le père de Robert essaie de le faire sortir en échange d’une rançon. Mais sa tentative échoue, il est piégé et lui-même arrêté et conduit dans la Baraque aux Juifs à Montluc.
Il est fusillé le 18 août 1944. Son corps sera retrouvé plus tard, au mois d’octobre. 118 exécutions ont eu lieu dans le charnier de Bron…
Robert et sa mère quittent la ville de Lyon pour se réfugier à la campagne, dans la ferme d’un oncle, dans le Beaujolais. Ils y restent cachés jusqu’à la Libération, soit entre mai 1944 et septembre 1944.
Sa mère est enceinte de cinq mois à la Libération de Lyon, le 3 septembre 1944.
Après la guerre, à l’âge de 16 ans, Robert est parti en Israël. “J’ai participé à la création de l'État d’Israël dans un commando français. J’ai participé à la libération de Beer-Sheva. Je me suis sentie acteur de mon destin, et j’ai eu l’impression de participer à quelque chose de grand et j’en suis fier.”
Aujourd’hui, ce que Robert veut transmettre, c’est l’histoire de sa famille. “Je l’ai transmise je pense, du mieux que j’ai pu.”
“J’ai peur que de nouvelles vagues d’antisémitisme soient déclenchées, notamment par l’extrême droite française.”